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dimanche 11 janvier 2015

le dimanche indo-européen est Charlie






« Votre vie quotidienne est votre temple et votre religion. »

Khalil Gibran





Bonjour à toutes et tous!


Bon, pas vraiment envie de m’amuser en ce dimanche, que je considère comme un jour de deuil.


Alors, voici l’hommage du dimanche indo-européen à toutes ces victimes de la barbarie islamiste.
A leurs familles, surtout, et à tous ceux qui les aimaient.



Le prénom Charlie est, vous le savez, un diminutif familier de Charles.





Quant à Charles, il n’est que la francisation, via le latin médiéval Carolus, d’un nom en vieux haut-allemand, Kar(a)l, qui signifiait littéralement homme, ou mari.


On est donc passé du latin [ca-] au français [cha-]!

Oui, c’est un très bel exemple de, de…
- on va voir qui suit le dimanche indo-européen depuis un certain temps - 
de…???

de ...  palatalisation! 

Ici, précisément en passant du ca- latin au francilien cha-.

De palatalisation, il était effectivement déjà question dans le magnifique ceud mìle fàilte chez les Tochariens (A), où j’avais tenté au prix d'efforts incommensurables de vous rendre la notion d’isoglosse Satem-Centum un tant soit peu digeste…

(Mais ce n'était que pure folie.)


Tiens, et pour ce qui est du “s” final de Charles, il n’est qu’un lointain écho du cas sujet des mots masculins en ancien français (< latin -us) ; c’est d'ailleurs le même phénomène qui sera à l'origine du -os de Carlos en espagnol.


Alors, revenons à notre racine germanique Kar(a)l.
On la retrouve bien entendu dans les prénoms Carl, Karl, Carol, Carole, Carla...

Carla



Tiens, ça me fait penser… je connais une très bête charade. Mais vraiment très bête.


  • Mon premier est une laitue
  • Mon deuxième est une laitue
  • Mon troisième est une laitue
  • Mon quatrième est une laitue
  • Mon cinquième est une laitue
  • Mon sixième est une laitue
  • Mon septième est une laitue
  • Mon huitième est une laitue


Et mon tout est un célèbre écrivain britannique


Oui?

Lewis Carroll.

Oui, je sais, mais je vous avais prévenu.

Lewis Carroll


Lewis Carroll, de son vrai nom Charles Lutwidge Dodgson, né le 27 janvier 1832 et mort le 14 janvier 1898, à qui nous devons entre autres le sublime Alice's Adventures in Wonderland.





Carolus? Le latin médiéval Carolus?

S’il ne devait y avoir qu'UN Carolus, il s'agirait bien évidemment de Carolus Magnus,
Charlemagne,
Charles Ier dit « le Grand »,
né un 2 avril dans les années 740, et mort le 28 janvier 814 à Aix-la-Chapelle, roi des Francs et empereur.
Rien que ça.


Le grand Charles...
...et son monogramme ; ça avait de la gueule, non?



Bon, et le vieux haut-allemand Kar(a)l, i’ venait d’où??
D’une racine … germanique: *karlaz-: "homme".

C’est cette racine qui est aussi à l’origine de l’anglais churl, via le vieil anglais ceorl.
Churl se traduirait par rustre, malappris


En vieux norois, *karlaz- est devenu karl: homme, homme libre, entendez, historiquement, un franc-bourgeois.


- Et cette racine germanique *karlaz-, elle est plutôt, non pas une racine à proprement parler, mais un étymon provenant d’une racine proto-indo-européenne!
- Ben… Non, je ne pense pas.

Certes, Pokorny rattachait *karlaz- à la racine *g̑er-, que Watkins retranscrit *grə-no-: grain.

Oui, pour Pokorny, cette racine évoquait aussi la notion de vieillir, de mûrir, d’“avancer en âge”, ce que va faire le grain, si tout va bien.
Et ainsi, pour ce grand linguiste, elle pouvait désigner métaphoriquement un homme d’âge mûr.

Mais bon, à présent, on n’est plus vraiment trop sûr…

Et on dira tout simplement, comme Watkins, que *karlaz- est une racine germanique d’origine incertaine…



Hebdo?

Apocope de hebdomadaire: Qui revient, qui paraît chaque semaine.

Le mot est emprunté au latin ecclésiastique hebdomadarius, qui désignait un moine en fonction pour la semaine, en un mot, le ... semainier: “celui qui assure un service pendant une semaine”.

Plus tard, on parlera de serviteurs hebdomadaires pour ceux qui se renouvellent chaque semaine (je ne sais cependant pas si l'on peut en déduire la fréquence de leurs rapports sexuels).

Ensuite, l'adjectif étendra son champ lexical pour désigner tout ce qui s'accomplit en une semaine, ou s'étend sur une semaine. On doit être fin XVème, par là...

C'est au XVIIIème - déjà! - que le mot, sous forme nominale, en viendra à désigner une publication qui paraît chaque semaine...

Le latin hebdomadarius était un dérivé du latin impérial hebdomassemaine”, lui-même emprunté au grec ancien ἑβδομάς, hebdomas, dérivé de heptasept.

Lui-même basé sur la racine proto-indo-européenne *septm̥-... sept!

Oui, nous en avons déjà parlé, dans Une semaine en septembre..., que je vous invite à lire ou relire!



Tiens, et pourquoi donc "Charlie hebdo"?
Qu'elle est l'origine du nom du journal ; le savez-vous?

Le journal Charlie fut crée en 1969, par Cavanna, Choron et Delfeil de Ton, en tant que mensuel.

Choron et Cavanna


A l'origine, il n'était en fait que la version française d'un mensuel de BD italien: Linus.
Oui, Linus, du nom de ce personnage des Peanuts, nés de l'imagination du dessinateur américain Charles M. Schulz.


Les Peanuts


Car le journal Linus publiait notamment des comics américains.

Linus


Et donc, pour rester dans l'idée, il fut décidé d'appeler le pendant français de Linus du nom d'un autre personnage des Peanuts: Charlie Brown!


Charlie Brown


Bon, je ne vous ferai pas l'affront de vous expliquer pourquoi le journal en vint à s'appeler Charlie ... Hebdo, hein? Ne me faites pas peur.



Mais ... OUI, le dimanche indo-européen aussi, est Charlie.




Je vous souhaite un bon dimanche, une belle semaine, et vous invite à la lecture d’un nouvel article, dimanche prochain!

























Ah, ils doivent bien se poiler, maintenant, tous les trois enfin
réunis!
(source)



Frédéric Charlie



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